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ÉDUCATION Jouer est nécessaire pour bien grandir

Professeur en pédopsychiatrie, Marcel Rufo (1) insiste sur le rôle du jeu dans le développement de l’enfant.

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Aux premières heures de sa vie, l’enfant découvre le monde extérieur. « Sa peau est une formidable aire de communication avec son entourage, a déclaré Marcel Rufo, lors d’une conférence (2) donnée à Aix-Marseille Université. Le bébé réagit aux caresses, il s’ajuste quand nous le portons dans nos bras. » Ses premiers jeux relationnels sont donc corporels. Puis, il s’attache à des jouets plus ou moins complexes, selon sa tranche d’âge. Du simple hochet sonore jusqu’aux puzzles, ces objets le stimulent et lui donnent envie d’apprendre. Le jeu devient alors un tremplin vers la connaissance, mais également vers l’autonomie affective. « En jouant, j’observe, je réfléchis, je comprends, donc je suis. Je supporte l’angoisse d’être un moment sans ma mère », explique le pédopsychiatre. La peluche et la poupée sont des objets transitionnels qui assurent une présence rassurante.

Les jeux révèlent l’individu

Quand l’enfant commence à s’amuser en groupe, à partir de quatre ans, il prend sa place au milieu des amis ou des membres de sa famille. « Un enfant jouant avec les autres au ballon, aux cartes, etc. se développera correctement. Mais s’il refuse, cela peut signifier que sa sociabilisation pose problème », ajoute Marcel Rufo.

Le style de jeux choisis et la façon de les pratiquer sont révélateurs de la personnalité en construction. Les adolescents adorent ce qui est secret et loin des adultes. « Attention toutefois s’ils versent dans les privations d’oxygène – foulard, sac – et autres défis dangereux, qui indiquent un trouble de l’estime de soi », avertit-il.

Les jeux vidéo peuvent les aider à se positionner au sein d’une communauté. Ces plateformes ludiques sont des activités fortement identitaires, inscrites dans leur époque. « Les consoles ne créent pas de pathologie mais les révèlent, estime le pédopsychiatre. Elles apportent du plaisir au joueur, qui va abandonner cet outil une fois qu’il a rempli sa mission. Mais si l’adolescent joue chaque jour de plus en plus longtemps sans pouvoir s’arrêter, cette addiction traduit une souffrance non exprimée. » Il est alors nécessaire de comprendre ce qu’il se passe.

Alexie Valois

(1) Marcel Rufo est également directeur de l’Espace méditerranéen de l’adolescence à Marseille.

(2) « Le jeu de l’enfant : meilleur marqueur de son bon développement », conférence à Aix-Marseille Université, le 11 juin 2019.

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